Villes et mouvements sociaux au Maroc

Episode 12

Villes et mouvements sociaux au Maroc


Dr. Abderrahmane Rachik, sociologue, urbaniste à la Faculté de gouvernance, des sciences économiques et sociales de Rabat, et chercheur associé au Centre marocain des sciences sociales, intervient dans cet épisode sur la thématique « Villes et mouvements sociaux au Maroc ». Après un survol historique de l’évolution des espaces urbains au Maroc, de l’époque coloniale à nos jours, Dr. Rachik explique comment le Maroc a subi le phénomène de l’urbanisation à partir de 1917, date du premier plan qui régit les grandes villes marocaines jusqu’à aujourd’hui. Ce plan qui date d’un siècle se caractérise par son aspect zonal consistant à découper la ville en plusieurs zones qui s’articulent autour d’une zone centrale où se concentrent tous les pouvoirs. L’on trouve pour le cas de Casablanca, une zone résidentielle située à l’ouest de la ville, une zone industrielle et ouvrière à l’est et une zone de l’habitat indigène au sud. Ce modèle de ville est essentiellement l’œuvre du Général Lyautey.

Après l’indépendance du Maroc, le schéma colonial de la ville sera reproduit et perpétué jusqu’en 1973, l’année qui verra la mise en place du Ministère de l’habitat et de l’urbanisme qui se donnera pour tâche principale la gestion raisonnée du tissu urbain en rapport avec le lien social. Mais l’appel des syndicats marocains à une grève générale en 1981 après l’augmentation massive des prix des denrées alimentaires et la répression sanglante qui s’en est suivie, ont mis au jour une inadéquation flagrante entre la population marocaine et les espaces urbains qui la contiennent.

Après l’explosion des différentes émeutes au Maroc (1981, 1984 et 1990), la conquête pacifique de l’espace public urbain devient subitement un enjeu politique de taille. Depuis, la politique ne se déroule plus seulement dans les sphères conventionnelles. Elle se fait également dans la rue. Pour illustrer cette métamorphose socio-urbaine, Dr. Rachik met l’accent sur le cas des événements de 2005, résultat des actions collectives des différents mouvements sociaux dans l’espace public (sit-in, manifestation, marche, etc.) estimées à environ 700 protestations, soit une moyenne de deux sit-in par jour. Ce chiffre passe de 5.000 actions en 2008 à 6.438 en 2009 pour atteindre 8.600 en 2010 et plus de 18.000 actuellement, soit 50 protestations collectives par jour.

La conférence de Dr. Abderrahmane Rachik est programmée dans le cadre du cycle de conférences « Espaces et Territoires au Maghreb », co-organisé par le Centre d'Études Maghrébines en Algérie (CEMA) et le Tangier American Legation Institute for Moroccan Studies (TALIM). Elle a eu lieu le 22 octobre 2017 à Oran, Algérie. Pr. Abdelkader Lakjaa, Sociologue à l'Université d'Oran 2 Mohamed Ben Ahmed a modéré cet évènement.



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Nous remercions Mohammed Boukhoudmi pour son interprétation de Elli Mektoub Mektoub, dans l'introduction et la conclusion de ce Podcast.

Réalisation et montage: Hayet Yebbous Bensaid, Bibliothécaire / Chargée de la diffusion des activités scientifiques (CEMA). 


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Bibliographie Suggérée

Rachik, Abderrahmane. 2016. Politique urbaine et  espace périphérique à Casablanca: Éditions universitaires européennes. 460 p.

Rachik, Abderrahmane. 2011. « Les bâtisseurs de la nuit du côté de Lahraouiyine ». Casablanca : figures et scènes métropolitaines. Sous la direction de Michel Peraldi et Mohamed Tozy. Paris : Karthala. p. 265-277 Textes issus de l'Atelier d'anthropologie urbaine organisé par le Centre marocain des sciences sociales (Université Hassan II, Casablanca) en association avec le Centre Jacques Berque (Rabat)

Rachik, Abderrahmane. 2006. « De l’urbanisation subie à l’urbanisation volontaire ». Actes du forum international organisé par le Haut commissariat au plan le 25-26 novembre 2005 à Casablanca, intitulé La société marocaine : permanences, changements et enjeux pour l’avenir. Rabat : Haut commissariat au plan.

Rachik, Abderrahmane. 2005. Bilan d’études et de recherches urbaines sur le Maroc (1980-2004). Etude financée par le Centre Jacques Berque (Rabat).

Rachik, Abderrahmane. 2002. Casablanca, l’urbanisme de l’urgence. Casablanca : Imprimerie Najah El-Jadida. (publication financée par la Fondation allemande Konrad Adenauer), 223 p.

Rachik, Abderrahmane. 2002. « Casablanca : politiques urbaines et pressions sociales ». Revue Naqd, revue d’études et de critiques sociales, n° 16 (Alger)

Rachik, Abderrahmane. 2001. « Etat et périphérie urbaine à Casablanca ». Les espaces périphériques au Maroc et au Maghreb à l’heure de la mondialisation. Actes de colloque organisé par la faculté des Lettres et des sciences humaines de Rabat.

Rachik, Abderrahmane. 2000. « Violence, Etat et conquête de l’espace public au Maroc ». Empreintes, mélanges offerts à Jacques Levrat. Rabat, Ed. Al-assas/ La source. p. 69-86.

Rachik, Abderrahmane.1999. « Sciences sociales et violence collective urbaine au Maghreb ». Prologues, n° 16. Casablanca.

Rachik, Abderrahmane. 1999 –2000 « En l’absence d’une tradition de protestation sociale urbaine ». Vioces from Morocco = Voix du Maroc. In Mediterraneans, a biannual review, n° 11.

Rachik, Abderrahmane. 1998. « Etudes et recherche urbaines au Maroc » Les Sciences humaines et sociales au Maroc : études et arguments. Rabat, Institut universitaire de la recherche scientifique. 

Rachik, Abderrahmane. 1997. « Casablanca contre le pouvoir central ». Le Nouveau siècle, revue de stratégie, n° 36.

Rachik, Abderrahmane. 1995. Ville et pouvoirs au Maroc. Casablanca : Edition Afrique-Orient. (Projet financé par la Fondation Ford (MERC), 196 p. 

Rachik, Abderrahmane. 1994. « Périphérie, émeutes et politique urbaine, le cas de Casablanca ». Horizons maghrébins, n° 25/26, Toulouse.

Rachik, Abderrahmane. 1994. « Manipulation des pouvoirs, conflits spatiaux et contrôle des populations ». (Collectif) Espaces et pouvoirs locaux. Université de Provence et Communauté des universités méditerranéennes, 10-17 juillet 1994.